Quand j’ai commencé à écrire en parallèle de ma vie de famille et de mon travail, j’imaginais des moments précis, minutés, réglés où les pages s’enchaineraient au fur et à mesure de mes recherches et au fil de mes idées. Cela ne s’est jamais passé ainsi.
Alors qu’au travail, je suis capable d’écrire sur commande. À la maison, cela m’est impossible. J’ai besoin de trouver le bon moment.
Ce « moment » n’est pas (que) une question de temps. Il n’y a pas grand chose de plus frustrant que d’avoir deux heures devant soi et de ne rien produire. Certains soirs, je ne vais pas être capable d’écrire car la journée a été trop chargée. Le lendemain, malgré un travail crevant, je vais écrire dix pages. Après avoir testé différentes techniques de concentration, de la méditation aux rituels d’écriture. Rien à faire. Plus je cherchais et plus je me frustrais. J’ai fini mon premier livre sur les rotules.
Sur mon second livre, j’ai décidé de lâcher prise et de laisser venir ces moments. Bien sur, les temps où je me force et j’essaye d’écrire malgré tout sont indispensables. Mais si, au bout de 25 minutes, rien ne vient. J’arrête et je passe à autre chose.
Pour être disponible à l’écriture, il m’a fallu me préparer comme pour un trial (ou une course d’endurance) : trouver un rythme qui corresponde à mes jambes, à ma respiration et à la distance. Et toujours sans me faire mal. Il est tellement décevant d’arriver écœuré et dégouté le jour du départ : le jour de la sortie.