Pour que les messages et les positionnements puissent être transmis et compris par les destinataires, j’essaye de comprendre qui sont ces personnes, le contexte qui est le leur, et comment celui-ci les influence. Plus j’avance, plus je me rends compte à quel point l’expression « nous ne vivons pas sur la même planète » est vraie. Nous vivons tous dans notre propre monde parallèle, un univers de poche, avec notre référentiel, nos codes et notre propre vocabulaire. Et moi le premier.
Au commencement, j’avais appris à me fier au dictionnaire pour trouver les bons mots. Sur les conseils d’un de mes collègues, il était devenu un fidèle compagnon. Toujours sur mon bureau. Aujourd’hui, je ne l’utilise presque plus. J’ai découvert que les définitions changent en fonction des humains avec qui je cherchais à entrer en communication. Si les mots et les concepts gardent généralement une signification proche, ils peuvent porter des connotations différentes en fonction de l’univers dans lequel on vit.
Ces découvertes m’ont amené à repenser complétement les différents métiers que j’exerce. Que ce soit en tant que communicant, UX Designer ou accompagnateur en changement, mon seul et vrai rôle est de faire communiquer et travailler ensemble des mondes parallèles.
Certains jours, j’ai l’impression d’être un interprète qui permet aux différents partenaires de se comprendre. Je traduis les différents concepts pour qu’ils soient pleinement interprétables par tous les acteurs. En fonction du travail à réaliser et quand je ne peux mettre en place des interviews, il m’arrive de passer des heures sur les blogs, les réseaux sociaux, les forums pour comprendre la langue utilisée, le sens des mots… Je redécouvre l’importance de la sémiologie.
D’autres jours, je suis dans la peau d’un diplomate qui doit faire avancer un dossier où les différents contextes provoquent de vraies divergences. En vivant dans des mondes parallèles, ce qui semble évident pour les uns ne l’est certainement pas pour d’autres. Faire cohabiter des visions diamétralement opposées n’est pas aisé. La pédagogie est un allié, le contexte de chacun également. De celui-ci naît souvent les meilleurs exemples puisés dans les différentes réalités.
Aujourd’hui, je me rends réellement compte que cette adaptation au contexte est probablement le travail le plus complexe à réaliser. Pour concevoir, innover, communiquer et avancer ensemble, il est indispensable d’apprendre à se connaître, de nous intéresser à l’humain en présence et à son contexte. J’entends beaucoup “Thinking outside the box”, « penser en dehors de la boite ». La pensée non-conventionnelle est probablement importante mais avancer ensemble n’est possible que si chacun réalise qu’il vit dans son propre univers. Ou que quelqu’un soit là pour faire dialoguer les mondes parallèles.