Si peu de webdesigners intéressés par #parisweb : peut-on vraiment être pro et ne rien avoir à dire sur son métier ? Réveillez-vous !
Si je reprends le programme de l’année dernière de Paris Web, je vois un grand nombre de conférences pour de webdesign :
- Immediate inspiration par Denise Jacobs,
- La sagesse du web par Céline Céline,
- La typo, mon navigateur et moi par ,
- Les goûts et les couleurs par David Rault,
- Les neurosciences au service du design numérique par Marc Van Rymenant,
- Petite arithmétique de l’UX : choisir, renoncer, construire par Nacéra Benfedda et Amélie Boucher...
La liste est longue et je n’intègre pas les conférences d’accessibilité, de qualité web, de gestion de projets et d’intégration. Devrais-je ?
Si je prends le plan du cours de « Web Design » que nous sommes en train de mettre à jour dans le community group webEd du w3c, Peut-être. Mais si je prends la définition « populaire » du webdesigner, Surement.
Je croise beaucoup de webdesigners mais je n’ai pas encore rencontré deux personnes définissant le périmètre de son travail de la même manière. Pour certains et tout particulièrement les jeunes diplômés sortant d’écoles d’art privées, être webdesigner se limite à créer des maquettes de sites web sous Photoshop. Pour d’autres, le webdesigner ne touche pas au graphisme son domaine d’action se limitant à l’architecture d’information. Sans oublier ceux pour qui le webdesigner est à la fois un graphiste, intégrateur HTML/CSS et un développeur Front-End. Sans oublier les ergonomes, designers d’interactions, directeur artistique web junior stagiaire et j’en passe.
Web quoi ? Web « designer » ?
C’est très gentil de se décréter designer mais qu’est-ce que le design ?
« Le design est une activité liée à une pensée complexe et à une logique originale où la recherche esthétique s’associe aux stratégies industrielles et où la technologie n’est qu’une partie d’un vaste contexte symbolique. »
« On ne pourra bien dessiner le simple qu’après une étude approfondie du complexe. »
Si l’on suit littéralement la définition du design, le webdesigner est donc celui qui se doit d’allier stratégie, esthétisme et technique pour créer un projet web. Il doit donc à la fois être un peu communicant, un peu graphiste et un peu développeur. Sur des projets web à taille humaine, c’est réalisable : je connais des personnes qui savent parfaitement gérer graphisme, communication et qui font des merveilles avec des systèmes de gestion de contenus. En revanche sur des projets de grande envergure ou de très haute qualité, c’est mission impossible : on ne peut être à la fois un fin stratège complet en communication web, un directeur artistique maitrisant tous les médias et un développeur hors-pair. Non, on ne peut pas. D’autant plus qu’il faudrait qu’il soit en plus de cela un chef de projet émérite.
Le webdesigner est une interface
Le webdesigner est donc celui qui doit arriver à comprendre une stratégie pour la traduire afin qu’elle soit conçue graphiquement et développée. Ces outils : les schémas, les wireframes, les cahiers des charges. Les couleurs, typographies, grilles et textures ne doivent pas avoir de secret pour lui afin de concevoir un brief créatif en adéquation avec la stratégie et réalisable techniquement. Il doit également pouvoir faire travailler ensemble les différents experts intervenant sur l’accessibilité, l’ergonomie, les SEO... C’est en quelque sort un chef d’avant-projet web avec une dimension créative en plus.
C’est sans doute pour cela qu’il est aussi difficile de proposer des conférences sur le webdesign, parce qu’un webdesigner est avant-tout quelqu’un de polyvalent qui pour « créer » ou pour « diriger une création » doit s’inspirer des meilleurs dans les différents corps de métier qui compose le socle technique du web qu’il soit stratège, chef de projets, ergonome, graphiste, expert accessibilité ou développeur.
Commentaires
Vu que je t’ai poussé à mettre les commentaires sur cet article, il serait bien que j’en laisse un moi-même ! :P
J’aime beaucoup ta définition du "à la fois communicant, graphiste et développeur". Mais c’est clair que certains ne seront pas d’accord. Le terme "web designer" me semble trop vaste pour avoir une définition qui convienne à tout le monde. Mais, pour moi, le web design a une connotation technique, elle est indéniable, sans être pour autant prédominante.
Nous sommes bien d’accord que c’est trop vaste. C’est d’ailleurs pour cela que nous voyons des spécialités fleurir dans chacun des corps de métier lié au web design. Ceci dit, il y a les mêmes problématiques "métier" chez les plombiers qui ont soit découpé cela en "bureau d’étude" + "chauffagiste" + "domoticien" + "...", soit sont restés à l’artisanat. Les deux systèmes cohabitent d’ailleurs sans trop de soucis intervenant sur différents types de chantier.
Point de vue intéressant, et qui explique peut-être en effet la difficulté de parler du métier en conférences.
Pour ma part, le webdesign commence avec le brief créatif, le travail sur la charte graphique du site, et englobe l’architecture d’information, l’ergonomie, les maquettes fonctionnelles (zoning, wireframe) et enfin les maquettes de validation (psd). Je fais également l’intégration HTML/CSS/JS dans certains cas.Cependant, comme dit dans l’article, les domaines d’intervention dépendent du type de projet. J’ai l’habitude de couvrir tous ces champs pour mes clients directs, mais récemment j’ai travaillé chez un grand compte où seul le travail de maquettage m’était demandé (j’ai pu quand même placer un peu de zoning).
Chacun de ces domaines d’intervention est un métier à part entière. Par conséquent, en tant que webdesigner on peut être comparé à un chef d’orchestre, connaissant les instruments et capable d’en jouer. Cela est utile dans le cadre d’un projet de petite ou moyenne envergure.
Cependant, sur un projet conséquent, on redevient un spécialiste dans sa discipline.
J’ai plutôt tendance à avoir peur de la segmentation au sein des grands comptes / agences : comment proposer une maquette pertinente quand on n’est qu’une étape dans l’élaboration d’un concept ?
C’est sans doute la toute la problématique de notre travail. Dans une grande agence, c’est le directeur artistique qui a le rôle de webdesigner. C’est dommageable car il ne connait pas nécessairement les notions techniques et tout particulièrement d’intégration.