Qu’est-ce qu’un designer interactif ?
Nos échanges nous ont menés à faire la différence entre l’interaction et l’expérience dans ce cadre. Et au final, la réponse est simple : c’est la même chose : la seule différence étant le point de vue dans lequel nous nous plaçons. Nous cherchons à concevoir les informations (ou interactions) qui circulent entre un produit et son utilisateur. Ces interactions vont provoquer des modifications de l’état de son utilisateur : des sensations, des émotions, des pensées, des déductions, des prises de décision...
Au final, un designer interactif tout comme un designer d’expérience utilisateur, c’est un designer produit : un concepteur à la recherche de l’équilibre entre plusieurs disciplines pour façonner son produit, ici un produit « numérique ». Son savoir-faire est de trouver l’équilibre juste entre la théorie, l’UX (ou ensemble des interactions entre l’homme et son produit), l’interface, l’information contenu, le langage... Il n’y a pas forcément de "bonnes façons" de designer ou même de règle absolue : tout dépend du produit final et de ses usages. Comme on n’agence pas un magasin où l’objectif est de vendre, de la même manière qu’un office de tourisme où l’objectif est d’informer.
Et cette différence d’objectif entre le design pour vendre et le design pour informer doit nous amener à casser le mépris qu’un certain nombre d’entre nous (moi y compris) ressentent face au marketing. Le design d’interaction n’est-il pas, au final, du neuro-marketing ? Si notre objectif est de vendre, alors la réponse est certainement oui. Dans le design, nous utilisons des techniques venues du marketing des années 1970 et en particulier les personas. Est-ce que tout design est marketing ? Lorsque le design est plutôt porté vers le fonctionnel, vers l’information, même si l’on emploie des méthodes issues de cette discipline, alors la réponse est non. Encore une fois, tout dépend de l’objectif et du but du produit que l’on conçoit.
Alors, designer Interactif ou pas ?
Doit-on se poser en porte-parole de notre cause auprès des clients, au risque d’être incompris ? Ou rassurer nos clients avec des termes comme designer ou graphiste ? Comment expliquer notre métier dans nos repas de famille ? Nous sommes des designers produit où le produit peut-être un site, une application, une interface... Que l’on choisisse de se poser en designer interactif pour montrer l’importance de l’interaction entre l’homme et le produit, ou en tant que graphiste parce qu’une partie de notre travail est du visuel, tout cela va dépendre de notre sensibilité personnelle et ce choix est nôtre. Mais une chose est sûre : nous sommes de "simples" designers.
Où s’arrête la conception ?
Dans l’utopie pure, nous rêvons de concevoir un produit parfait dès le premier jet. Et s’il doit y avoir des améliorations, tant pis : ce sera pour un nouveau projet.
Mais en pratique, on ne peut concevoir du premier coup alors on utilise les itérations et les méthodes Agiles. Parfois d’ailleurs, nous en faisons trop pour contrebalancer les problèmes de la première méthode. Alors, un équilibre est peut-être à trouver entre le temps de bien penser, penser à court terme et les itérations de conception avec de nouvelles contraintes. La conception est un fonctionnement par phases. Les phases s’arrêtent, puis de nouvelles commencent.
Or cette technique n’est pas toujours possible : un projet web est souvent perçu comme un one-shot et même avec toute la pédagogie du monde, les demandeurs sont face à des problématiques budgétaires et d’objectifs, qu’elles soient fixées par eux-même ou "pire", par la hiérarchie. Au final, la méthode que l’on utilise est dépendante de ces critères et surtout de l’usage, de la durée de vie et des objectifs de notre produit.